Bien qu’elle nous concerne toutes et tous, l’écologie n’est pas encore un sujet à la portée de chacun. Or, pour que tout le monde s’empare du sujet, il est nécessaire d’en partager les clés de compréhension. Ce point, Féris Barkat en a fait son affaire, et plus spécifiquement auprès de la jeune génération.

Carte d’identité

  • Féris Barkat, 20 ans
  • Cofondateur Banlieues Climat / Chroniqueur (Tiktok 50K) / Lauréat “À Voix Haute pour la Biodiversité”
  • Membre du Collège citoyen de France
  • Projet phare : “Eco-Liers”, programme pédagogique de sensibilisation des élèves à l’écologie

L’engagement c’est avant tout se sentir concerné.” 

Inspiré par son professeur de philosophie, Féris se renseigne davantage sur les sujets liés à l’environnement et l’injustice climatique. Il comprend alors qu’il y a un enjeu universel, un sujet qui a la capacité d’initier l’engagement de beaucoup de monde. On mange et on respire tous de la merde, on subit tous la canicule, on est tous à même de se rendre compte des changements en cours qui nous touchent tous.” 

Dès lors, Féris fait le choix d’inscrire son travail et son engagement dans une démarche de vulgarisation, de sensibilisation et de mobilisation autour de l’environnement. J’ai l’impression de m’attaquer à la source du problème. Le problème est tellement énorme, j’agis plus par nécessité, c’est limite un instinct de survie. C’est mon rapport au risque qui a changé : avant c’était d’avoir un diplôme, maintenant c’est ce qui va se passer dans quelques années dans le monde.

 

Accompagner le déclic d’une génération

Pour Féris, il y a deux scénarios possibles quant à notre futur : soit “on ne fait rien et on ne s’adapte pas”, soit il y a une prise de conscience de l’urgence environnementale qui se traduit par “un déclic de ma génération”. C’est en cette deuxième voie que Féris croit le plus, avec des investissements aux bons endroits et en apprenant à vivre ensemble. Ma génération fait face à des questions existentielles inédites”.

Les ateliers qu’il propose avec Banlieues Climats sont réalisés au sein d’écoles primaires. “Pourquoi les écoles primaires ? Parce que les enfants vont grandir dans un monde pour lequel ils ne sont pas préparés, et ça [la formation] leur permet d’en parler à leurs parents.” 

(Se) sensibiliser, c’est le travail de toute une vie, et cela passe par la théorie et la pratique au quotidien. Il faut bien expliquer le problème pour ne pas l’aggraver, et montrer les pistes d’action qui peuvent être déployées auprès des gens, au-delà de la consommation. Dès qu’on a la connaissance, la cohérence avec sa consommation va suivre et on peut tous trouver un moyen d’agir.”

Zoom sur l’approche pédagogique de Féris Barkat

Une méthode

Concrètement, Féris sensibilise sur Tik-Tok, où il explique “en 1 minute des enjeux un peu complexes sans faire culpabiliser”, et également au travers de formations avec Banlieues Climat dans les quartiers. “Il faut avoir les bons mots et la bonne posture pour parler avec ces personnes qui n’ont jamais entendu parler de ces sujets : montrer ce qu’il va se passer dans 10 ans, avec des solutions, et s’axer sur ce qui serait mieux pour eux.” Il aborde les questions de climat à travers des éléments de la pop culture, comme les animés One Piece ou Naruto. “Même si ce que je raconte est tragique, ça prend une forme décontractée.”

Des résultats

Au début des formations, “ils [les jeunes] disent que ce n’est pas leur problème, que l’écologie est un sujet de bobo. Ils se sentent rapidement culpabilisés.” Après ces quelques heures, “voir un intérêt aussi grand c’est fou, ça m’a redonné de l’espoir. Il y a des jeunes qui me disent que s’ils avaient eu cette formation avant leurs études, ils auraient choisi un autre cursus. »

 Avec Banlieues Climat, Féris va plus loin : les jeunes formés dans les quartiers peuvent à leur tour devenir animateurs au sein des écoles primaires, et être rémunérés. “La pédagogie inversée c’est un sujet très intéressant pour moi […] Les nouveaux animateurs ont de nouvelles projections [en termes d’emploi] et certains se disent qu’ils pourraient gagner leur vie comme ça.” 

 

Mission Possible

Féris considère que sa mission sera accomplie lorsque “dans le débat public, des films, des pièces de théâtre, des médias, des jeux vidéos proposeront des imaginaires et des narratifs en cohérence avec l’urgence climatique”.

Dans ma tête on est dans un film, on a une mission qu’on doit mener tous ensemble. Ma mission sera accomplie une fois qu’au-delà des décisions politiques qui n’avancent pas assez vite et des médias qui ralentissent le débat, on aura été suffisamment renseignés et autonomes pour proposer notre propre moyen de voir la vie.”

“On peut kiffer mais n’oublions pas ce qui est en train de se passer, mobilisons-nous, même si tout est contre nous, on est la génération miracle donc on peut tout faire.“

Féris Barkat - En mission face aux changements climatiques

par BIG Ensemble